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Air Austral : les syndicats ne veulent pas de baisse des salaires

SOCIAL. Ce lundi, deux réunions entre les syndicats d'Air Austral, l'actionnaire privé Run Air et l'État sont prévues. Objectif ? Trouver une autre solution à celle mise sur la table par la compagnie, à savoir l'effort de 12,5 millions d'euros demandé aux salariés pour sortir Air Austral du rouge. Une nouvelle demande qui ne passe plus du côté des syndicats. La menace d'un conflit social s'accentue.


Auteur de l'article : Air Austral : les syndicats ne veulent pas de baisse des salaires
Rédigé par Clicanoo

En mars dernier, nous évoquions dans nos colonnes l'avance en compte courant de la part l'actionnaire privé d'Air Austral Run Air et de la Sematra (Région) pour un montant de 10 millions d'euros. Un apport nécessaire pour faire face à une impasse de trésorerie à très court terme, malgré des résultats records : 438 millions d'euros. Un apport de 10 millions d'euros qui n'est pas sans conditions. Les dirigeants de l’entreprise misent sur un plan d’économies, dont celui de la masse salariale estimée à 78 millions par an. L’objectif est de la réduire de 10% après des négociations avec le personnel. L'effort demandé n'est pas anodin : 12,5 millions d'euros sur deux ans.
Cette nouvelle demande ne passe pas du côté des syndicats. Les différents échanges avec la direction n'ont pas permis de trouver d'autres solutions qui devaient être arrêtées à la fin du mois d'avril. “La clôture des discussions a lieu en fin de semaine”, rappelle Frédéric Bénard, délégué syndical CFDT.
Ce lundi, ce sont deux rendez-vous qui ont été fixés au syndicat. Le premier avec l'actionnaire privé Run Air et le second avec la préfecture qui représente l'État. Un regret émerge, celui de ne pas avoir eu de réunion avec la Région actionnaire majoritaire de la Sematra.

"Impasse"


“Pour le moment, c'est l'impasse”, résume-t-il. Pas question pour les salariés de subir un nouvel accord de performance collective (APC ). Le dernier avait abouti à un don de jours de congés, abandon du 13ème mois, non-remplacement des effectifs à travail identique... “Aujourd'hui, on nous demande une participation plus importante que les investisseurs. Il y a un déséquilibre. On demande à l'actionnaire de revoir sa copie”, poursuit-il. Car les projections présentées par la compagnie pour 2025 tablent sur un budget positif grâce à d'autres économies réalisées sur le carburant ou encore les avions (la panne de moteurs des Airbus A220 et du Boeing 787 avait obligé la compagnie à des affrètements coûteux). Un budget positif qui intègre également ce nouvel effort demandé aux salariés.

L'État en médiateur


“C'est une demande scélérate de l'actionnaire privé”, lâche Vivien Rousseau, président de la section Air Austral du Syndicat National des Pilotes de Ligne (SNPL). “Nous sommes dans une phase où ne savons pas trop où nous allons. Ce lundi, on arrive au bout du processus avec nos rencontrer avec la préfecture et l'actionnaire privé.” L'effort demandé aux salariés de réduction de 10% de la masse salariale va en réalité beaucoup plus loin en fonction de la catégorie socioprofessionnelle. “Elle peut aller jusqu'à 25% en moins” indique-t-il. “Je rappelle que nos salaires sont gelés depuis 2017. Cette nouvelle baisse de la rémunération viendrait à nous faire perdre jusqu'à 50% de pouvoir d'achat.” Une forme de pessimisme ambiant touche aujourd'hui les syndicats, in fine les salariés. Si les syndicats n'attendent rien de la rencontre avec l'actionnaire, ils espèrent que le préfet jouera son rôle de médiateur. “Il y a 4 500 emplois directs et indirects en jeu, le désenclavement de Mayotte et un risque politique pour la Région” rappelle le président de la section Air Austral du SNPL.
Des syndicats qui n'excluent pas en cas d'échec aux discussions en cours d'agiter le risque d'un conflit social. En mars dernier, les élus SNPNC d'Air Austral avaient diffusé un tract interne en ce sens. Ils expliquaient ne pas vouloir payer les “pots cassés” d'une mauvaise gestion. “Nous ne pouvons faire subir à nos passagers, nos clients, nos fidèles clients, des mesures d’économies inappropriées. Nous sommes prêts à entrer en conflit avec notre compagnie s’il le faut ! Nous ne serons pas les dindons de la farce !”, écrivaient-ils.

Julien Delarue
[email protected]

> “Le moment est venu de choisir entre la cessation d'activité ou la survie”

Est-ce que les différentes réunions prévues ce jour vont-elles changer la donne au sein de la compagnie ? Pas sûr, si l'on se penche sur le courrier signé par Harold Cazal, membre du directoire d'Air Austral, adressé à l'ensemble du personnel en fin de semaine dernière. Il est bien évidemment question du futur APC qui entraînera de facto une baisse de la rémunération des salariés de la compagnie. Pour l'actionnaire privé, il faut aller vite. L'État a fixé une date butoir : le 30 avril. “L'État nous a signifié qu'il ne poursuivrait pas le recouvrement de ses créances à la condition expresse que le plan de restructuration, approuvé par le conseil de surveillance du 7 mars, soit mis en œuvre intégralement. 

Je rappelle que ce plan comprend également la réduction temporaire du coût de la masse salariale de l'entreprise à convenir dans un APC”, écrit Harold Cazal. Un accord de performance collectif que les syndicats ne veulent pas (lire par ailleurs). Sauf que l'actionnaire rappelle que le versement de 10 millions d'euros - avance en compte courant de la part l'actionnaire privé d'Air Austral Run Air et de la Sematra (Région) – est aussi conditionné à cet accord.

“Il est important d'avoir en tête qu'à la date du mardi 16 avril, le retard de paiement constitué de l'entreprise (dettes fournisseurs) s'élève à près de 45 millions d'euros dont 13 millions d'euros de dettes publiques. À défaut d'un APC et d'une avance en compte courant, l'entreprise sera condamnée à s'en remettre à la justice de commerce. Le président du tribunal de commerce donnera mandat à un administrateur judiciaire qui n'aura d'autres choix que d'appliquer la loi”, poursuit-il.

Le nouvel actionnaire fait peser la survie de la compagnie par la signature de ce nouvel accord de performance. “Le moment est venu de choisir entre la cessation d'activité ou la survie. Chacun doit prendre ses responsabilités et les résultats des référendums faits par vos organisations syndicales démontrent une très large prise de conscience de la gravité du moment présent et la nécessité de préserver nos emplois au service de notre fidèle clientèle. L'entreprise a besoin d'argent pour passer le cap des prochaines semaines en trésorerie. Les actionnaires, liés entre eux, ne verseront 10 millions d'euros qu'après la signature d'un APC. Cet accord conduira l'État à accepter un moratoire de nos...

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